Démondialiser et coopérer

Blog d'Aurélien BERNIER

posté le lundi 10 novembre 2008

Colloque du M'PEP : « Vers une écologie sociale et solidaire »

 

 

Les termes de « développement durable » ou de « responsabilité environnementale » ont beau être dans toutes les bouches, la situation écologique se dégrade à une vitesse sans précédent. Alors que les libéraux prétendaient résoudre cette crise par le seul volontarisme des industriels, par la technique, et par des mécanismes de marché comme la fameuse Bourse du carbone, il est maintenant évident que ces « solutions » ne fonctionnent pas.

 

De sommet en sommet, la communauté internationale montre également toute son impuissance. L'Union européenne, qui voulait apparaître comme le leader incontesté en matière d'écologie, vient d'effectuer un spectaculaire demi-tour sur la question pour cause d'effondrement du système financier.

 

Il devient donc urgent de tirer les conclusions de cette situation gravissime. Non pas en accumulant comme le font les grands médias les prévisions alarmistes sur l'état de la planète, mais en développant une analyse politique.

 

Pour ce faire, le M'PEP vous convie à un colloque intitulé « Vers une écologie sociale et solidaire, ou comment stopper le néolibéralisme pour imposer de véritables politiques environnementales et sociales ». Cet événement aura lieu le 6 décembre 2008, à l'Assemblée Nationale, de 10h à 18h.

 

Alors que dans le même temps, les membres de l'ONU continueront sans doute à s'embourber dans les négociations sur le climat qui se tiendront à Poznan (Pologne), du 1er au 12 décembre, le M'PEP examinera les moyens de construire une véritable alternative. Des question seront posées et débattues sur les notion de croissance et de choix de production, sur la nécessité de répondre aux préoccupations environnementales dans une perspective de justice sociale, sur le besoin impérieux de débouché politique pour cette écologie « sociale et solidaire ». Mais, dans son approche, le M'PEP pose d'ores et déjà deux fondamentaux. Le premier est qu'il est impossible d'agir sérieusement en faveur de l'environnement sans sortir du cadre néolibéral. Le second, qui en découle, est qu'on ne peut plus prétendre faire de l'écologie sans faire de politique.

 


Intervenants :

 


Sous la présidence de Monsieur François ASENSI, député de Seine-Saint-Denis.

 


Aurélien BERNIER (secrétaire national du M'PEP, auteur du livre « Le climat otage de la finance »).

Pierre CORNUT (consultant, spécialiste des négociations internationales sur le climat).

François COSSERAT (président du Mouvement national de lutte pour l'environnement - MNLE).

Michèle DESSENNE (porte-parole du M'PEP).

Hervé KEMPF (journaliste au Monde, auteur du livre « Comment les riches détruisent la planète »).

Jacques NIKONOFF (porte-parole du M'PEP).

Jacques TESTART (président de la fondation Sciences citoyennes).

Des représentants de la LCR, du PCF, des Alternatifs, des Verts, du Parti socialiste.

 

Détail du programme :

http://www.m-pep.org/spip.php?article996

 

 

 


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posté le dimanche 26 octobre 2008

Télérama : Le climat est à la spéculation

 

Soit un marché financier « libre » et dérégulé, une bulle spéculative qui enfle, une poignée de multinationales occupées à réaliser de juteux bénéfices. Cela vous rappelle quelque chose ? Ce n'est pourtant pas de Wall Street ou de la City avant le krach qu'il s'agit ici, mais d'une variante nettement moins connue, élaborée loin de tout débat public malgré l'importance de ses enjeux : le marché des droits à polluer. Alors que les places boursières s'abîment partout sur la planète finance, un petit livre limpide et grand public, Le Climat otage de la finance, d'Aurélien Bernier (1), paraît à point nommé pour éclairer le citoyen sur ce mécanisme complexe. Et surtout pour dénoncer une financiarisation folle, ici appliquée au climat, qui nous mène droit dans le mur, encore plus sûrement que la crise actuelle. De quoi est-il question?

En 1997, les négociateurs du protocole de Kyoto mettent en place un plan de réduction des gaz à effet de serre d'un genre nouveau, inspiré par les Etats-Unis. Il s'agit de lutter contre le réchauffement climatique, puisqu'il le faut bien, mais sans réglementation ni contrainte supplémentaires. Comment ? En ayant recours à un marché « autorégulé », transformant les financiers en courageux défenseurs de la planète ! Ainsi - et alors que les Etats-Unis se retirent du jeu... - naissent les premières « Bourses du carbone » : on accorde des « droits à polluer », en l'occurrence du CO2, principal gaz à effet de serre dû à l'activité humaine, sous forme de titres, que les entreprises s'échangent sur ce marché. Celles qui n'ont pas réussi à diminuer leurs émissions de gaz achètent des « crédits carbone » à d'autres qui, elles, ont réduit leur pollution. Dix ans plus tard, le bilan est affligeant. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 35 %. Et de nombreux « effets pervers » entachent l'idyllique

tableau du marché carbone : affaires de corruption, vraies-fausses réductions d'émissions et surtout développement effréné de la spéculation puisque les entreprises essaient d'acheter les titres le moins cher possible pour les revendre au meilleur prix...

Car voilà bien la bizarrerie de la Bourse carbone, comme le démontre efficacement Aurélien Bernier : pour bien fonctionner, elle doit s'adosser à une réglementation solide et un régulateur puissant. Ce dont on est loin, très loin. Dans le contexte actuel, où l'on prend enfin conscience du désastre de la fïnanciarisation tous azimuts, ce petit bouquin a une singulière résonance. A méditer, à l'heure où le projet de loi Grenelle 1 n'en finit pas de se dégonfler. Et où le Pacte climatique européen menace de voler en éclats, alors même que Sarkozy avait annoncé une présidence française de l'Union européenne « résolument verte ». Promis juré •

WERONIKA ZARACHOWICZ


(1) Ed. Mille et Une Nuits, 164 p., 12 €.


LA BOURSE DU CARBONE ET LES DROITS À POLLUER : UN FIASCO ÉCOLOGIQUE.

 


 

 

 


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posté le dimanche 26 octobre 2008

La Nouvelle République : Un Poitevin dénonce les "droits à polluer"

 

Ancien membre d'Attac, fondateur du tout nouveau Mouvement politique d'éducation populaire (la « NR » du 25 août), le Poitevin Aurélien Bemier est un spécialiste des questions environnementales. Très présent dans le combat contre les OGM, il est également l'auteur de nombreux articles, notamment sur les dérives des politiques environnementales. Il publie aujourd'hui un texte dans lequel il tord le cou aux invocations béates du « protocole de Kyoto ». Chiffres à l'appui, il démontre que cet accord international (que les États-Unis ont d'ailleurs refusé de signer) a eu pour principal effet de créer un nouveau marché spéculatif pour les capitalistes de tout poil. Au cœur de ce détournement : les « droits à polluer ». Le principe en est simple quoique la motivation difficile à saisir pour le commun des mortels : un groupe industriel qui fait des efforts pour moins polluer peut revendre sur le marché, à des pollueurs, une partie des quotas de gaz à effet de serre qui lui ont été alloués.

 

Des résultats positifs mais trompeurs

Aurélien Bernier liste patiemment les effets pervers de ce système : quotas distribués généreusement, trucages, récupération des légitimes préoccupations environnementales par le système néolibéral... Sans parler de la concurrence déloyale sur ce terrain-là comme dans bien d'autres : il est financièrement beaucoup plus intéressant pour un groupe industriel de racheter une entreprise très polluante, en Chine par exemple, et de la remettre en état pour engranger des droits à polluer qu'il revendra, plutôt que d'acquérir une entreprise aux normes en Europe.

Alors que le protocole de Kyoto fixait comme but à atteindre une baisse de 5,2 % des émissions de gaz par rapport à 1990, on en est à + 3 %. Et si les seuls pays signataires ont presque rempli leur contrat, c'est uniquement parce que la production industrielle des pays de l'est de l'Europe s'est effondrée.

 

Ce que propose, entre autres mesures, Aurélien Bernier en conclusion de son ouvrage : durcir la réglementation, taxer les émissions de gaz, n'accorder les aides publiques aux entreprises que sous condition, voire réformer les politiques des marchés publics pour prendre en compte le coût réel des produits pour l'environnement, quitte à bousculer la logique ultralibérale. Plus facile à dire qu'à faire.

 

Vincent BUCHE

25 août 2008

 

« Le Climat, otage de la finance », Aurélien Bernier, éditions « Mille et une nuits », 165 pages, 12 €.

 


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posté le samedi 25 octobre 2008

Curriculum vitae

Aurélien Bernier

Né à Orléans (45) le 15 juin 1974.

Vit en région Poitou-Charentes depuis 1997 et habite actuellement à Poitiers.


Profession : Chargé de mission énergie-climat au sein d'une collectivité locale. A travaillé pendant dix ans pour l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie).


Parcours associatif :

  • Président d’Attac Montmorillon (86) en 2002 et 2003 ;

  • Porte-parole de la Coordination Régionale Vigilance OGM Poitou-Charentes en 2004 et 2005 ;

  • Animateur de la commission OGM d’Attac France de janvier 2006 à novembre 2007 (www.france.attac.org) ;

  • Élu au Conseil d’Administration d’Attac France de juin 2006 à novembre 2007 ;

  • Secrétaire de l’association Inf’OGM de juin 2006 à avril 2008 (www.infogm.org) ;

  • Président de l’association Inf’OGM d'avril 2008 à avril 2010 ;

  • Secrétaire national du Mouvement politique d'éducation populaire (M'PEP : www.m-pep.org) de mai 2008 à juin 2012.

Collaborateur au Monde Diplomatique et au Sarkophage.

Chroniqueur dans l'Humanité Dimanche et Le Grand Soir

 

 

Publications :

 


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posté le samedi 25 octobre 2008

Médiapart : Protocole de Kyoto = escroquerie intellectuelle ?

 

Le protocole de Kyoto repose-t-il sur une escroquerie intellectuelle ? Ce mega accord international, destiné à réduire les émissions de gaz à effets de serre et limiter les impacts sur la planète du changement climatique n'est-il qu'un vaste bluff? C'est la question posée par Aurélien Bernier, ancien d'Attac, président d'Inf'OGM dans son livre : Le climat otage de la finance. Ou comment le marché boursicote avec «les droits à polluer» (Mille et une nuits, août 2008, 163 p, 12 euros).

 

Pamphlet anti finances-carbone, son essai tente une analyse critique des différents mécanismes initiés par le protocole de Kyoto en 1997 pour endiguer le réchauffement climatique : «Mise en œuvre conjointe», «Mécanisme de développement propre», «Certificats d'économie d'énergie», marché du CO2... 

 

Pour Aurélien Bernier, l'échec du protocole de Kyoto était inscrit dans ses gènes : le choix d'une régulation par le marché, au détriment de celui de la fiscalité ou de la contrainte législative et réglementaire, annonçait dès le départ l'insuffisance de la contrainte et l'injustice de la répartition des gains tirés des nouveaux marchés créés.

 

Il a le mérite de mettre franchement les pieds dans le plat. Mais son livre m'a déçu par sa faiblesse théorique. L'existence même d'un capitalisme vert, aussi cynique puisse-t-il parfois être par son alliance de consumérisme, de productivisme et d'injonction à l'abstinence, atteste de la compatibilité dans les faits de l'économie de marché et de la question environnementale. Il n'est pas inconcevable de faire de l'argent, et même beaucoup d'argent, avec une activité verte. La réussite du marché américain des émissions de dioxyde de soufre est un exemple historique intéressant à étudier.

 

Surtout, les alternatives prônées par Aurélien Bernier (fiscalité, intervention de l'Etat, conditionner les aides publiques, taxes aux frontières...) s'inscrivent dans le seul cadre de l'Etat-Nation. Ce n'est pas demain que l'on verra lever un impôt européen, et encore moins une contribution mondiale. Dans ces conditions, quelle serait une alternative crédible au protocole de Kyoto ? A moins d'en appeler au retour de l'impérialisme de certains Etats sur d'autres, nulle autorité publique ne sera reconnue par les Etats comme prévalant sur leurs façons de faire. Quel dispositif de régulation inventer alors, efficient au niveau mondial, acceptable par les acteurs et réaliste ? En d'autres termes, ne sommes-nous pas, compte tenu de la mondialisation et des rapports de force entre économies développées et en celles en plein boom, condamnés à en passer par le marché ? Et ne serait-il pas politiquement plus fructueux de travailler à de nouvelles formes d'organisations de ce marché (valeur de l'allocation de CO2 plus élevée, quantités allouées réduites...), et aux conditions de son efficience plutôt que d'imaginer d'hypothétiques dispositifs ?

 

J'ai donc appelé Aurélien Bernier pour en discuter avec lui. Il a bien voulu prendre le temps de cette conversation. Elle dure dix minutes (scindée en deux parties) :

 

                                                                            Aurélien Bernier.

 

Sur la critique du protocole de Kyoto et pourquoi le marché échoue à réguler :

 

 

Sur le marché du dioxyde de soufre, le court termisme du libéralisme et la difficulté à en parler :

Pour mémoire, trois citations d'Aurélien Bernier extraites de notre échange, qui répondent à ma critique :

  • «On essaie de nous faire croire qu'on peut créer des marchés de droits à polluer et que ça va fonctionner. Je crois que c'est une escroquerie intellectuelle et les débuts du marché carbone montrent bien que ça ne fonctionne pas. Que le prix de la tonne de carbone a atteint quasiment un niveau 0 parce qu'on a été très généreux en donnant des droits à polluer aux entreprises autant qu'elles en voulaient. Et que véritablement, le problème politique est : quelle est la volonté des Etats pour contraindre les entreprises à réellement baisser leurs émissions de gaz à effet de serre ? Aujourd'hui la réponse est extrêmement timide. Et on se base sur le laisser faire, la bonne volonté et un optimisme débordant qui produit des résultats absolument catastrophiques puisque entre 1997, quand on a finalisé le protocole de Kyoto, et 2007, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 35% au niveau mondial. Donc un échec complet au niveau mondial et au niveau du marché».
  • «Aujourd'hui les pays occidentaux importent un volume considérable de gaz à effet de serre, qui sont produits dans les pays en développement mais pour des produits qui sont consommés dans les pays occidentaux. Donc cette part des émissions de gaz à effet de serre délocalisés est cachée. On l'estime aujourd'hui à 20% des émissions mondiales. Je crois que c'est vraiment la logique du commerce internationale qu'il faut remettre en cause. Et c'est certainement pas le marché qui va permettre de se poser les bonnes questions et permettre de réduire les émissions au niveau mondial.»
  • «On est en train d'assister à une montée en puissance des fonds d'investissement qui se spécialisent dans l'achat et la vente de droits à polluer. Et dont l'objectif est de faire du profit avec ce type de produits, exactement comme ils font du profit sur le pétrole, sur les produits alimentaires, sur les crédits immobiliers...»

Enfin, voici un court extrait du livre où l'auteur lève le lièvre des conditions de réalisation des enquêtes du Bureau exécutif chargé d'étudier les projets des entreprises souhaitant se faire financer des activités au titre du mécanisme de développement propre :

 

« 2 juin 2007. Ce samedi-là, The Guardian met un énorme coup de pied dans la fourmilière en publiant des éléments d'un rapport du Bureau exécutif du MDP (mécanisme de développement propre, ndlr) rédigé par un conseiller technique du nom d'Axel Michaelowa. L'auteur y fait plusieurs constats tout à fait gênants. Premièrement, les données fournies par les entreprises lors du montage des dossiers MDP se révèlent dans bien des cas totalement fausses. On exagère volontiers le nombre de tonnes de CO2 économisées, on tente de faire valider des projets qui auraient de toute façon vu le jour...Deuxièmement, les cabinets d'audit sont généralement incompétents ou très complaisants. Après l'affaire Enron, dont les truandages financiers ont été largement couverts par l'auditeur Andersen Consulting, on aurait pu penser que le BEMDP aurait étroitement surveillé les pratiques des cabinets d'audit chargés de vérifier le montage des dossiers. Eh bien, non, au contraire, puisque M. Axel Michaelowa révèle des bourdes monumentales, comme notamment des copier/coller effectués d'un rapport à l'autre et mal corrigés. En dépit de ce laxisme, l'organisme onusien n'a pas refusé un seul projet jusqu'en juillet 2006 ! Si l'on considère le cas de l'Inde, on constate qu'un tiers des projets et 20% des crédits générés n'auraient tout simplement pas lieu d'être ».

 

Voir également le débat avec les lecteurs sur le site:

http://www.mediapart.fr/club/blog/jade-lindgaard/210908/protocole-de-kyoto-escroquerie-intellectuelle

 

 


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