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Titre du blog : Démondialiser et coopérer
Auteur : abernier
Date de création : 28-11-2007
 
posté le 26-10-2008 à 13:41:42

La Nouvelle République : Un Poitevin dénonce les "droits à polluer"

 

Ancien membre d'Attac, fondateur du tout nouveau Mouvement politique d'éducation populaire (la « NR » du 25 août), le Poitevin Aurélien Bemier est un spécialiste des questions environnementales. Très présent dans le combat contre les OGM, il est également l'auteur de nombreux articles, notamment sur les dérives des politiques environnementales. Il publie aujourd'hui un texte dans lequel il tord le cou aux invocations béates du « protocole de Kyoto ». Chiffres à l'appui, il démontre que cet accord international (que les États-Unis ont d'ailleurs refusé de signer) a eu pour principal effet de créer un nouveau marché spéculatif pour les capitalistes de tout poil. Au cœur de ce détournement : les « droits à polluer ». Le principe en est simple quoique la motivation difficile à saisir pour le commun des mortels : un groupe industriel qui fait des efforts pour moins polluer peut revendre sur le marché, à des pollueurs, une partie des quotas de gaz à effet de serre qui lui ont été alloués.

 

Des résultats positifs mais trompeurs

Aurélien Bernier liste patiemment les effets pervers de ce système : quotas distribués généreusement, trucages, récupération des légitimes préoccupations environnementales par le système néolibéral... Sans parler de la concurrence déloyale sur ce terrain-là comme dans bien d'autres : il est financièrement beaucoup plus intéressant pour un groupe industriel de racheter une entreprise très polluante, en Chine par exemple, et de la remettre en état pour engranger des droits à polluer qu'il revendra, plutôt que d'acquérir une entreprise aux normes en Europe.

Alors que le protocole de Kyoto fixait comme but à atteindre une baisse de 5,2 % des émissions de gaz par rapport à 1990, on en est à + 3 %. Et si les seuls pays signataires ont presque rempli leur contrat, c'est uniquement parce que la production industrielle des pays de l'est de l'Europe s'est effondrée.

 

Ce que propose, entre autres mesures, Aurélien Bernier en conclusion de son ouvrage : durcir la réglementation, taxer les émissions de gaz, n'accorder les aides publiques aux entreprises que sous condition, voire réformer les politiques des marchés publics pour prendre en compte le coût réel des produits pour l'environnement, quitte à bousculer la logique ultralibérale. Plus facile à dire qu'à faire.

 

Vincent BUCHE

25 août 2008

 

« Le Climat, otage de la finance », Aurélien Bernier, éditions « Mille et une nuits », 165 pages, 12 €.