Voici un calendrier de mes interventions programmées pour 2009.
13 janvier : Poitiers, 17h, intervention à l'Ecole Supérieure d'Ingénieurs de Poitiers (ESIP).
http://www.esip.univ-poitiers.fr/
24 janvier : Laval, formation sur le changement climatique organisée par Attac.
http://www.local.attac.org/attac44/spip.php?article182
28 janvier : Grenoble, 20h30, intervention dans une soirée-débat organisée par Les Amis du Monde Diplomatique sur "Le climat otage de la finance".
http://www.amis.monde-diplomatique.fr/
29 janvier : Bagnols, 20h30, intervention dans une soirée-débat organisée par Attac sur "Le climat otage de la finance".
http://www.local.attac.org/attac30/rubrique.php3?id_rubrique=30
30 janvier : Avignon, 20h30, intervention dans une soirée-débat organisée par Attac sur "Le climat otage de la finance".
http://www.local.attac.org/84/
13 février : Calais, 20h30 cinéma l'Alhambra. Débat suite à la projection du film "Le bien Commun", de Carole Poliquin.
18 février: Poitiers, 18h, intervention publique à l'initiative de l'association AJC de l'ESIP sur "Le climat otage de la finance".
http://asso.ajc.over-blog.org/
21 février: Lyon, 14h, intervention dans le cadre du salon Primevère sur "Le climat otage de la finance".
http://primevere.salon.free.fr/visiteurs2009/intro.htm
24 mars: Paris, 14h, UNESCO, intervention sur la finance carbone devant la Commission Programmatique Mixte ONG-UNESCO "Science et Ethique".
25 mars: Paris, 16h, maison de la chimie, intervention sur la finance carbone dans le cadre d'un forum organisé par Novethic et Les Echos.
http://www.novethic.fr/novethic/v3/la-liste-evenements.jsp
26 mars: Compiègne, 20h, débat public organisé par Agora21 sur la sécurité alimentaire.
27 mars: Poitiers, Maison des Etudiants, 18h, débat public organisé dans le cadre de Campus en fête sur la décroissance.
1er mai: Arras, salon du livre d'expression populaire et de critique sociale. Dédicace et débat.
2 mai: Lyon, intervention dans le cadre du deuxième Contre-grenelle de l'environnement.
15 mai : La Garenne-Colombe (92), 20h, intervention au meeting du Front de Gauche sur l'Union européenne et l'environnement.
6 juin : Versailles, 17h, intervention sur la finance carbone à l'invitation des Amis du Monde Diplomatique.
19 juin : Hyères, 20h30, débat sur l'environnement à l'initiative de l'association "Changer d'ère".
20 juin : Rognes (13), intervention sur la finance carbone aux Estivales de la biodiversité.
27 juillet : Présentation du livre "Le climat, otage de la finance" au centre de vacances CCAS de La Tranche-sur-mer (85), 21h.
28 juillet : Présentation du livre "Le climat, otage de la finance" au centre de vacances CCAS de Mesquer (44), 21h.
29 juillet : Présentation du livre "Le climat, otage de la finance" au centre de vacances CCAS de Fouesnan (29), 21h.
30 juillet : Présentation du livre "Le climat, otage de la finance" au centre de vacances CCAS de Plonevez-Porzey (29), 21h.
31 juillet : Présentation du livre "Le climat, otage de la finance" au centre de vacances CCAS de Trebeurdun (22), 21h.
7 août : Intervention au Camp climat de Notre-Dame-des-Landes (44), 15h. Table ronde sur l'écologie politique. http://www.resistance-ndl.org/
29 et 30 août : Intervention à Lille (59) pour l'université d'été du M'PEP. www.m-pep.org
12 et 13 septembre : Dédicaces au village du livre et débats sur le stand du M'PEP à la fête de l'Humanité, à la Courneuve (93). http://www.humanite.fr/fete.html
19 septembre : Intervention à Liège, 14h, dans le cadre de l'Université d'été d'Attac-Wallonie-Bruxelles. http://www.local.attac.org/liege/
6 octobre : Saint-Pierre-des-Corps (37), 20h, intervention sur "Le climat, otage de la finance" pour la semaine de l'énergie.
10 octobre : Saint-Amand-Montrond (18), 14h, intervention sur l'écologie politique dans le cadre des journées d'automne du M'PEP. www.m-pep.org
15 octobre : Intervention dans le cadre d'une formation sur le changement climatique à la Confédération Paysanne.
15 octobre : Barbezieux (16), 20h, intervention sur "Le climat, otage de la finance". Soirée-débat organisée par Attac.
22 octobre : Paris (75), 20h, intervention sur "Le climat, otage de la finance". Soirée-débat organisée par le M'PEP Paris. www.m-pep.org
6 novembre : Chambéry (73), 20h, intervention sur "Le climat, otage de la finance". Soirée-débat organisée par l'Association des amis de la librairie Jean-Jacques Rousseau et Attac 73.
7 novembre : Annecy (74), 14h, intervention sur l'écologie politique dans le cadre des journées d'automne du M'PEP. www.m-pep.org
18 novembre : Issoire (63), 20h, intervention sur "Le climat, otage de la finance" organisée par Le Temps des Cerises. http://www.letempsdescerises.net/
19 novembre : Clermont-Ferrand (63), 20h, intervention sur "Le climat, otage de la finance" organisée par Le Temps des Cerises. http://www.letempsdescerises.net/
20 novembre : Alès (30), 20h, intervention sur le capitalisme vert. Soirée-débat organisée par le M'PEP. www.m-pep.org
21 novembre : Montpellier (34), 14h, intervention sur l'écologie politique dans le cadre des journées d'automne du M'PEP. www.m-pep.org
29 novembre : Genève (Suisse), intervention au contre-sommet de l'Organisation mondiale du commerce. www.m-pep.org
1er décembre : Paris (75), 19h15, intervention à l'Université Alternative de Sciences Po.
8 décembre : Milly-la-Forêt (91), 20h30, intervention sur le capitalisme vert. Soirée-débat organisée par Attac Sud-Essonne. http://www.local.attac.org/attac91/Comite-Sud-Essonne
9 décembre : Namur (Belgique), intervention sur les droits à polluer à l'initiative du syndicat FGTB.
15 décembre : Ivry (94), 20h, intervention dans le cadre de l'Université populaire de l'eau et du développement durable (UPEDD). http://www.cg94.fr/upedd
ENVIRONNEMENT Rencontre avec Aurélien Bernier, un poitevin qui a enquêté sur le marché des droits à polluer. Ancien militant d’Attac, secrétaire national du Mouvement politique d’éducation. Deux années de recherches. Le Poitevin Aurélien Bernier décrypte le marché des droits à polluer. Chaud.
Pourquoi cet essai ?
Jusque dans les années 70, on a produit sans se soucier de l’environnement.
Puis est né le développement durable, politique “poudre aux yeux” puisque les entreprises se sont contentées de “verdir” leurs rapports d’activités sans ne rien changer à leurs méthodes. Depuis 2000, nous sommes dans l’ère de l’écolo-libéralisme : la menace sur le climat est globale, le développement durable ne suffit plus, il faut des réponses plus solides. Mais on observe une prise en main de la crise environnementale par le pouvoir économique qui y voit une nouvelle perspective de profits. Le marché des droits à polluer en est
une illustration caricaturale.
En quoi consiste ce marché des droits à polluer ?
Au lieu de contraindre les entreprises à polluer moins, on a inventé les droits à polluer. Ce sont des titres distribués par les États. A la fin d’une année d’exercice, celles qui ont émis moins de gaz à effet de serre que leur volume autorisé peuvent revendre leurs titres excédentaires.
Et celles qui en manquent -parce qu’elles ont trop pollué- peuvent en racheter. Ce dispositif
a vu apparaître des traders, des fonds d’investissement… Un véritable marché spéculatif.
En quoi est-ce gênant ?
Non seulement c’est inefficace, puisqu’aucune démarche réellement vertueuse n’est imposée aux entreprises mais surtout c’est pervers car on livre l’environnement à la logique libérale. Avec toutes les dérives et les risques que cela comporte.
Que faut-il faire ?
Restaurer les règles d’un commerce vraiment équitable. En commençant par taxer les produits en fonction des conditions sociales et environnementales de leur fabrication.
En résumé, facturer l’empreinte sociale et écologique de notre consommation.
Le climat otage de la finance, Aurélien Bernier, Mille et Une Nuits, 12 €.
De l’otage dans l’air
Edition du 22/09/08
1. christopherkindt le 17-11-2009 à 16:49:43 (site)
Prions poue que le rassemblement de copenague porte ses fruits, que va t'il en sortir? Nos destin est entre les mains des chefs du gouvernements du monde entier.
Croisons les doits.
Article par dans l'Humanité du 22 octobre 2008
Ces dernières années, l'Union européenne était presque parvenue à se construire une image de premier de la classe dans le domaine de la protection de l'environnement. Face à une position inflexible des Etats-Unis et de pays en développement qui refusent toujours la moindre contrainte de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, les négociateurs européens étalaient sommet après sommet leurs bonnes intentions. Le plan d'action de l'Union, appelé « paquet climat-énergie », prévoit d'atteindre un triple objectif d'ici 2020 : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20%, gagner 20% d'efficacité énergétique et faire passer la part des renouvelables à 20% de la consommation totale. Applaudie par les médias, cette apparente conversion à l'écologie constituait un véritable tour de force : celui de masquer aux yeux du grand public la liste interminable des choix politiques de l'Union européenne contribuant à détruire la planète, qu'il s'agisse d'agriculture, de transport ou de commerce1. Elle possédait par ailleurs l'immense avantage de redorer à peu de frais son blason. Le Président de la Commission en personne avouait en mars 2007 qu'il était possible ainsi de « réconcilier l'Europe avec les nouvelles générations qui parfois ne se reconnaissent pas dans notre action »2. Autrement dit, nous étions les témoins d'un « green washing » digne des meilleures multinationales.
Mais, en dépit de ses atouts, cette imposture écologique a fait long feu. Il aura suffit que le système financier international tremble sur ses fondations pour que le climat redevienne le cadet des soucis de nos dirigeants européens. Même l'Allemagne, pays « vert » par excellence dans l'imaginaire collectif, préfère sauver la compétitivité de ses entreprises plutôt que réduire son empreinte écologique. Dès la fin septembre, Angela Merkel annonçait qu'elle ne cautionnerait pas « la destruction d’emplois allemands du fait d’une politique inappropriée sur le climat ». On appréciera que le programme de lutte contre le changement climatique soit d'un coup relégué au rang de « politique inappropriée » sous l'effet de la crise financière... Les polonais ont commencé par considéré qu'il n'y avait plus d'urgence à conclure un accord sur le paquet climat-énergie, avant de hausser le ton et de menacer d'opposer leur véto à ce plan. Ce chantage est particulièrement gênant, puisque la Pologne est le pays d'accueil du prochain sommet de l'ONU sur le climat, qui aura lieu en décembre à Poznan, et qui est censé permettre d'aboutir à un accord post-Kyoto dès la fin 2009. A la veille de la réunion des ministres de l'environnement des 20 et 21 octobre, les dernières discussions s'orientaient, sous la pression de l'Italie et des pays de l'Est, vers l'ajout d'une clause de révision permettant de revenir sur le paquet climat-énergie dès la fin 2009, et vers un vote à l'unanimité pour finaliser la position européenne. Des changements de nature à vider la proposition initiale du peu de substance qu'elle possédait, voire à l'enterrer si la « compétitivité européenne sur le marché mondial » se trouve menacée. Quant aux Etats qui demeurent plutôt discrets, il suffit d'observer l'actualité pour comprendre où se situent leurs vraies priorités.
Pour scandaleuse qu'elle soit, cette volte-face n'en était pas moins prévisible. Trente ans de dérégulation et de promotion du libre-échange ont organisé la mise en concurrence de pays aux niveaux de protection sociale et environnementale radicalement différents. Les grandes firmes ont pu délocaliser leurs activités, au point que 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont aujourd'hui le fait de produits fabriqués dans les pays en développement mais consommés dans les pays riches. La perte de pouvoir politique sur l'économie est très exactement proportionnelle à la progression de la « libre concurrence ». Dans ces conditions, toute contrainte environnementale au Nord devient une incitation supplémentaire à délocaliser. Angela Merkell ne dit pas autre chose lorsqu'elle oppose défense de l'emploi et protection de l'environnement.
Alors, que reste-t-il à faire, si ce n'est attendre les prochaines catastrophes? Les événements que nous vivons ces dernières semaines rappellent à quel point il est urgent de traiter le mal à la racine. La finance, qui prétendait gérer jusqu'à la crise écologique au travers du marché des droits à polluer, montre une nouvelle fois toute sa capacité de nuisance3. Le libre-échange apparaît chaque jour un peu plus comme une stratégie délétère, qui place les peuples en situation de concurrence permanente afin de permettre aux pouvoirs économiques de s'affranchir d'une démocratie trop encombrante. Enfin, en oubliant ses promesses écologique à la première occasion, l'Union européenne prouve que la protection de l'environnement ne résiste pas, elle non plus, à l'argument de la concurrence internationale. Le constat est clair. Il faut maintenant en tirer les conclusions politiques. La sortie du néolibéralisme est plus que jamais une priorité, et l'arrêt du libre-échange est la première des batailles à mener pour y parvenir.
Aurélien Bernier
Auteur du livre « Le climat otage de la finance », 2008, éd. Mille-et-une-Nuits.
Co-auteur du livre « En finir avec l'eurolibéralisme », sous la direction de Bernard Cassen, 2008, éd. Mille-et-une-Nuits.
Secrétaire national du Mouvement politique d'éducation populaire (M'PEP)
1Lire « En finir avec l'eurolibéralisme », sous la direction de Bernard Cassen, éd. Mille-et-une-Nuits.
2Le plan d'action de la Commission européenne, 13 mars 2007, http://www.touteleurope.fr
3Lire « Le climat otage de la finance », Aurélien Bernier, éd. Mille-et-une-Nuits.
Les Rendez-vous de l’Agora reçoivent Aurélien Bernier, auteur du « Climat otage de la finance Ou comment le marché boursicote avec les "droits à polluer" » (éditions Mille et une nuits).
Les lecteurs d’Agoravox connaissent Aurélien Bernier. Ex-membre d’Attac, spécialiste de l’environnement, il a travaillé dix ans pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Il est aussi rédacteur sur Agoravox et vient de publier Le Climat otage de la finance Ou comment le marché boursicote avec les "droits à polluer", un essai remarqué sur un aspect peu traité de la mondialisation : son impact sur le climat, donc sur nos vies. Pris séparément, la mondialisation et le changement climatique sont des thèmes ultra-récurrents et largement traités et commentés. Or, peu nombreux sont les experts qui lient l’un et l’autre, alors qu’ils sont pourtant indissociables.
C’est le sujet du livre d’Aurélien Bernier qui s’exprime dans Les RDV de l’Agora.
Une interview réalisée par Daniel Hoffman.
Agoravox : En quoi le climat est-il otage de la finance ?
Aurélien Bernier : Tout a commencé avec les négociations de Kyoto à la fin des années 90, où a été abordé pour la première fois, à l’échelle internationale, le problème de la lutte contre le changement climatique. Une logique de dérégulation et de désengagement de l’Etat a prévalu, en raison de la fameuse croyance dans l’autorégulation des marchés. C’est ainsi qu’est né le marché des « droits à polluer », dans la continuité de travaux d’économistes libéraux, dans les décennies précédentes. Concrètement, on a instauré des droits sous forme de titres ainsi qu’une bourse, où ces droits sont achetés et vendus. En faisant ça, on a ouvert la boîte de Pandore du libéralisme le plus débridé. La spéculation tourne à plein régime : les entreprises essayent d’acheter les droits le moins cher possible et de le revendre le plus cher possible. Et l’on se retrouve piégé dans un système financier qui pense que ce marché est porteur.
A : S’agit-il, de la part du pouvoir, tant économique que financier, d’un plan concerté afin de capter les thématiques climatiques ?
AB : Dans la logique libérale, la seule solution tolérable passe par les pouvoirs économique et financier. Il y avait deux grandes catégories de solutions qu’on pouvait apporter au problème du dérèglement climatique. La première était de réglementer, en contraignant et en taxant les entreprises. Mais ce n’était pas dans la continuité de vingt ans de politique de développement durable. La solution est donc tombée d’elle-même. La seconde option, qui a été choisie et qui est éminemment politique, a été l’adoption du marché.
A : Comment fonctionne ce marché des droits à polluer ?
AB : C’est assez simple : les Etats signataires du protocole de Kyoto se sont engagés sur une très petite diminution de leur émission de gaz à effet de serre. On a défini un volume global au niveau des Etats, au-delà duquel ceux-ci ne sont plus autorisés à émettre. On a ensuite octroyé des droits aux principaux pollueurs, en leur offrant la possibilité de polluer jusqu’à une certaine limite. Le problème c’est que les pays en voie de développement n’ont pas voulu entendre parler de ces critères, considérant qu’ils n’étaient pas les principaux pollueurs de la planète. Ils ne sont donc pas soumis à ces contraintes. Ce qui se passe, c’est que les pays occidentaux en ont profité pour délocaliser leurs entreprises dans les pays en développement : il y a eu un transfert de production vers les zones sans contrainte. Les résultats sont calamiteux : les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 35 % depuis 1997 et l’on estime que 20 % de ces émissions proviennent de la production dans les pays en voie de développement, issue des délocalisations.
A : N’y a-t-il aucun contrôle de ce marché ?
AB : Il y a une très légère intervention des pouvoirs publics au moment de l’allocation des quotas. L’État peut alors gérer la contrainte. C’est ce que les acteurs du marché expliquent pour défendre le système. Mais dans les faits, les gouvernements sont pris au chantage des plus grandes entreprises. En France, 100 entreprises détiennent deux tiers des quotas en circulation, et seulement 10 entreprises en détiennent un tiers. Il y a donc un très petit nombre d’entreprises qui dominent puissamment le marché.
A : L’État doit donc se plier donc aux pressions des entreprises ?
AB : Dans un système mondialisé, la pression des délocalisations fonctionne très bien. L’État peut toujours essayer de tabler en douceur sur la bonne volonté des entreprises, mais autant rêver ! Le problème originel est que les entreprises ont été consultées lors de la découpe du « gâteau » des droits à polluer. Et on leur a donné à peu près tout ce qu’elles voulaient : on se retrouve avec un marché long, ce qui signifie qu’il y a beaucoup trop de titres en circulation. Le prix du titre du droit à polluer s’est donc effondré. Mais les entreprises hautement concurrentielles ont continué à faire du chantage : si elles n’obtiennent pas assez de droits, elles délocaliseront. Dans l’actualité récente, il y a eu le cas d’Arcellor Mittal, qui a fait céder l’Etat belge de la sorte.
A : Que proposez-vous ?
AB : Je n’avance rien de phénoménal ni de très original. Le laisser-faire ne fonctionne pas. Il y a donc une nécessité de la part des Etats d’intervenir et de mettre de vraies limites. Il faut revenir à un système de contraintes qui fonctionne. Un exemple simple : je propose qu’on taxe les produits importés en fonction de leur impact social et environnemental. Pour cela, il y a des organisations comme l’OIT (Organisation internationale du travail), ou des groupes d’expert comme le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Une taxation non protectionniste permettrait ainsi une concurrence non faussée. De manière générale, il faut reprendre un contrôle politique sur l’économie, afin d’éviter que des multinationales ne délocalisent dans des pays où ça ne leur coûte rien. Je suis convaincu que si le libre-échange intégral ne cesse pas, on court à la catastrophe.
A : Ne croyez-vous pas à une solution intermédiaire consistant en un contrôle accru sur le marché des « droits à polluer » ?
AB : Je ne suis pas du tout favorable à une régulation des marchés : à chaque fois qu’on nous en parle, on accentue la crise. Quand on essaye de réguler, cela s’avère non seulement inefficace d’un point de vue environnemental mais aussi dangereux. Il faut redéfinir les règles sur une base plus cohérente. Aujourd’hui, les grandes entreprises jouent sur les externalités : Nike va en Chine parce qu’ils peuvent y exploiter de la main-d’œuvre pour presque rien, puis en Thaïlande parce que les coûts y sont encore moins importants. Leur objectif est de dégager du profit en polluant, mais sans en assumer la responsabilité.
A : Comment envisagez-vous l’avenir ?
AB : Je pense qu’une prise de conscience importante est en train de se faire. Plus grand monde n’a de doutes sur l’ampleur de la crise environnementale. Pourtant, si tous les indicateurs sont dans le rouge, la libéralisation et la dérégulation continuent. Mais la crise est tellement grave, qu’une modification profonde doit avoir lieu. Celle-ci se fera dans la douleur ou en tapant du poing sur la table. Je préconise la sortie immédiate de l’OMC. Quant à l’Union européenne, la logique institutionnelle se doit d’être bouleversée. Si un gouvernement vraiment de gauche venait à être élu, il devrait déclarer au plus tôt que les directives libérales actuellement à l’œuvre n’ont plus cours sur le territoire national.
A : L’opinion publique est-elle sensibilisée à ces enjeux ?
AB : La crise environnementale et ses principaux enjeux ont été bien compris. Lorsque Nicolas Hulot, qui vient quand même politiquement du centre-droit, dit que le capitalisme n’est pas compatible avec la protection de l’environnement, c’est quelque chose qui touche les gens. Ce qui manque encore ce sont de grandes perspectives de changements. On ne croit plus aux débouchés politiques. Au sein du M’PEP (Mouvement politique d’éducation populaire dont Aurélien Bernier est le secrétaire national. Ndr), nous nous efforçons de faire des propositions réalistes : donner un véritable espoir de sortir du système libéral tout en restant concret. Pour y arriver, il faut montrer où sont les verrous (à l’OMC, au sein de l’Union européenne) et créer quelque chose d’autre.
A : Comment expliquez-vous que les thématiques que vous abordez dans votre livre soient si peu débattues aujourd’hui ?
AB : Mon livre est le premier sur le sujet alors que le marché du carbone existe depuis 2005. Je ne veux pas me livrer à une critique facile des médias, car, s’il est vrai que des puissances financières possèdent certains groupes médiatiques, il existe des journalistes qui font leur travail de manière honnête. Le fond du problème, c’est que les négociations sont menées dans l’ombre. Le détail des modalités de la finance carbone a été occulté du débat public. C’est pourquoi les pouvoirs publics ont une bonne part de responsabilité dans la situation actuelle, du fait qu’ils ont très peu communiqué sur la réalité des politiques menées.
A : Va-t-on parler de ces enjeux dans les mois à venir ?
AB : Oui, probablement. La conférence sur le climat qui doit s’ouvrir à la fin de l’année en Pologne devrait attirer l’attention des médias européens. Par ailleurs, le processus post-Kyoto doit débuter à partir de 2013 (le cycle de Kyoto s’étale sur la période 2008-2012. Ndr). Un processus de réflexion a été lancé à Bali en début d’année. Ces négociations sont lentes et se font sur plusieurs années. Elles devraient arriver à terme vers la fin 2009, avec une rencontre intermédiaire prévue en décembre 2008. C’est donc décidément le moment de mettre ce sujet sur la table et d’en débattre.
A : Pensez-vous que la crise financière peut se propager au marché des « droits à polluer » ?
AB : En tout cas, rien n’est fait pour que ça ne puisse pas arriver. On ne peut vraiment pas se permettre d’avoir un marché qui joue avec un enjeu aussi énorme que le climat.
A : Vous avez publié plusieurs articles sur Agoravox. Quelle est pour vous l’utilité de ce média ?
AB : Ce qui est intéressant lorsque je publie sur Agoravox ou sur d’autres blogs, c’est la possibilité d’ouvrir un débat avec les lecteurs. Celui-ci a lieu dès qu’il y a un minimum d’honnêteté et, de ce point de vue, c’est un outil très intéressant. Je ne publie pas sur internet simplement pour que les gens lisent, mais aussi pour qu’il y ait des échanges derrière.
Commentaires