Face à la menace d'un profond changement climatique, peut-être serait-il temps de remettre en cause la société productiviste, destructrice pour notre environnement ? Sûrement pas ! Les hommes politiques, mais plus encore les pouvoirs économiques, ont choisi de tirer avantage de cette crise. « La rapidité avec laquelle le néolibéralisme récupère, à son profit, les préoccupations environnementales est assez déconcertante. » C'est le constat tragique d'Aurélien Bernier, chargé de mission dans l'environnement, secrétaire national du Mouvement politique d'éducation populaire (MPEP) et président de l'association Inf'OGM.
Son ouvrage « Le Climat otage de la finance », paru aux éditions Mille et une nuits, montre comment la « finance carbone » s'est imposée comme la solution du marché, sans aucun débat démocratique, dans l'ombre des négociations internationales sur l'environnement. Et ce dès l'élaboration du fameux Protocole de Kyoto en 1997. Les réponses apportées alors par la communauté internationale s'inscrivent dans une logique néolibérale assumée, à faire frémir le citoyen lambda. Sa déclinaison la plus caricaturale se résume à l'organisation, par la finance internationale, d'un marché des « droits à polluer ». Pourtant, dirigeants politiques et économiques nous affirment dans les médias, la main sur le cœur, vouloir diminuer les émissions de CO2.
Boursicotage des « droits à polluer »
Ce livre, effrayant, décrit ainsi la capacité de nuisance sans limites du néolibéralisme. L'exemple le plus emblématique livré par l'auteur ? L'apparition d'un nouveau créneau spéculatif, celui des gaz à effet de serre, rappelle étrangement le fonctionnement des marchés financiers et le gonflement de la bulle Internet à la fin des années 1990. Le boursicotage des « droits à polluer », solution taillée sur mesure pour les industriels et les investisseurs, semble avoir encore de beaux jours devant lui. En témoigne cette réflexion d'Aurélien Bernier : « Les tenants du libéralisme ânonnent leur dogme comme n'importe quels religieux intégristes et marchandisent à tour de bras. Reste à savoir jusqu'où ils sont prêts à aller. Pour l'heure, il semble bien qu'ils ne se donnent aucune limite. »
Critique radicale de la libre concurrence
« La lutte contre le réchauffement climatique ne peut faire abstraction des rapports de force au niveau international, ni faire l'économie d'une critique radicale de la libre concurrence », insiste Aurélien Bernier. Mais aujourd'hui, le grand public ignore les mesures qui concernent notamment l'industrie, pourtant déterminantes dans la lutte contre le changement climatique. « Longtemps, l'économie s'est souciée comme d'une guigne de l'environnement », déplore l'auteur. Dernière recommandation d'Aurélien Bernier ? Ne pas laisser le débat sur le réchauffement climatique entre les mains de quelques requins financiers : « Nous, citoyens, pouvons débattre de l'effet de serre, de ses conséquences, des comportements individuels… »
Le Climat otage de la finance, éditions Mille et une nuits, 200 pages, 12 euros
Commentaires
Bonjour je viens te souhaiter une
à bientot
Pucca