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Titre du blog : Démondialiser et coopérer
Auteur : abernier
Date de création : 28-11-2007
 
posté le 19-08-2008 à 19:54:22

Sortie du livre "Le climat, otage de la finance"

 

 


 


 

 

 

Pour la première fois dans son histoire, le système économique est confronté à une crise environnementale qui, par son ampleur, pourrait menacer sa survie. Le changement climatique, présent dans presque tous les médias, est maintenant à l’ordre du jour de la plupart des rencontres internationales, des Nations unies au G8 en passant par les sommets européens.

Mais l’alerte lancée par les scientifiques ne suffit pas à transformer les financiers en écologistes. Dès l’élaboration du Protocole de Kyoto en 1997, les réponses apportées par la communauté internationale se sont inscrites dans une logique néolibérale assumée, dans sa déclinaison la plus caricaturale : en organisant un marché des « droits à polluer ».

Ce livre montre comment la solution du marché s’est imposée sans aucun débat démocratique, dans l’ombre des négociations internationales. Il en décrit les conséquences, et notamment l’apparition d’un nouveau créneau spéculatif (celui des gaz à effet de serre) qui rappelle à la fois le fonctionnement des marchés financiers et le gonflement de la bulle « Internet » à la fin des années 1990. À ceci près qu’il pourrait cette fois s’imposer à tous les niveaux de la société.

Aujourd’hui, le grand public ignore que les mesures qui concernent notamment l’industrie, et qui doivent être déterminantes dans la lutte contre le changement climatique donnent lieu à un détournement de leur objectif : les « droits à polluer » font l’objet d’une spéculation organisée, ils entrent dans la valorisation des sociétés… Une certaine éthique, que d’aucuns espéraient voir s’installer dans les entreprises, semble donc utopique, et la rupture avec le tout-capitalisme encore repoussée.

Aurélien Bernier décrit pour la première fois les coulisses d’un secteur émergent, pourtant promis à un avenir radieux, de ses mécanismes jusqu’aux krachs certains : spéculatif et écologique.

Comment venir à bout de la financiarisation totale ?

Avec un peu de courage politique, des choix radicalement différents auraient pu être faits, qui passent nécessairement par la refonte complète des règles du commerce international. Il n’est pas encore trop tard : ils doivent maintenant devenir une revendication prioritaire des citoyens.


Membre d’Attac France jusqu’en 2007, président de l’association Inf’OGM, secrétaire national du Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP), Aurélien Bernier est chargé de mission dans l’environnement. Il a travaillé pendant dix ans pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).


Le Climat otage de la finance


Date de Parution : 20/08/2008

Collection : Essais

Prix public TTC : 12,00 €

Code ISBN / EAN : 9782755500578 / hachette : 4934071

Format (125 x 192)

Nombre de pages : 200

 

 

Commentaires

Thomas Cook le 25-09-2008 à 15:33:09
Juste pour répondre sur un point : l'amende dans le marché EU ETS ne dégage pas de l'obligation de conformité. Donc les entreprises qui n'auraient pas été en conformité auraient théoriquement du payer l'amende et acheter les quotas. Donc cela ne change rien sur l'évolution du prix du quota en cas de demande supérieure à l'offre.


Bien Cordialement.


Thomas Cook
abernier le 24-09-2008 à 15:05:42
Bonjour, et merci pour le débat, toujours enrichissant.


Ceci étant, je ne suis pas d'accord avec certains points de votre analyse.


Effectivement, avec l'ETS, les Etats fixent le niveau maximal de droits à polluer. Mais je montre dans le livre que restaurer une réelle contrainte sur les entreprises ne peut se faire qu'en remettant en cause le libre-échange.


Il suffit d'observer ce qui se produit actuellement : les entreprises délocalisables obtiennent tout ce qu'elles veulent sous la pression du chantage, et la "contrainte" repose uniquement sur les producteurs d'électricité, qui peuvent répercuter le coût des quotas (et souvent au delà!) sur une clientèle captive.


Sur la question de la spéculation, elle existe bel et bien. Il y a bien sûr le cas de firmes comme Rhodia, qui jongle entre la vente de ses crédits MDP et de ses EUA, mais surtout, les fonds spéculatifs, qui sont déjà arrivés sur le marché. A ce sujet, je vous renvoie à la récente étude de la Caisse des dépôts en ligne sur son site.


Enfin, sur la première période, vous oubliez l'amende prévue en cas de non-conformité, qui limite forcément le prix maximum des quotas sur le marché. Vous oubliez également que les crédits MDP étaient utilisables dans des volumes assez confortables. Votre deuxième option (un prix très élevé) n'aurait donc jamais pu se produire.


Pour finir, le réformisme est tout à fait respectable, et je souhaiterais même que vous ayez raison. Mais je ne crois plus à cette possibilité depuis longtemps. Il s'agit donc d'enclencher une révolution politique, par les urnes, qui passe à mon sens par une refonte complète de la construction européenne.

Sur la possibilité que l'Union actuelle soit la moins mauvaise des solutions, je vous invite à lire "En finir avec l'eurolibéralisme", dont vous trouverez les coordonnées ici-même.

J'y montre que les politiques environnementales de l'UE ne sont rien à côté de ses politiques de destruction de l'environnement. Et bien sûr, le raisonnement est identique pour le social.


Bien cordialement,


Aurélien BERNIER
Thomas Cook le 24-09-2008 à 12:22:49
Bonjour,


Merci pour cette réponse. Tout d'abord, il ne faut pas faire d'analogies entre un ETS et n'importe quel marché ! Coase n'a jamais considéré sa démonstration comme un théorème, elle fut récupérée par les néolibéraux. Pour la simple raison que dans un ETS, c'est le régulateur qui fixe l'offre (les allocations), et c'est rareté de cette offre qui va faire le prix. La vrai question est de savoir donc quelle offre va être fixée par l'UE (la contrainte sera-t-elle assez sévère) au même titre que de savoir quel montant de taxe sera choisi. Dans les deux mécanismes, le régulateur a le rôle central.

Une taxe fixé à l'échelle nationale relève de l'utopie tant les gouvernements français sont sensibles au lobbying industriel. Je pense que la commission européenne, certes imparfaite, est l'institution qui resiste aujourd'hui le mieux aux lobbying. Stratégiquement, je pense qu'on a plus de chance de protéger l'environnement en soutenant une mesure qui verra le jour et pourra être améliorée au fur et à mesure (en augmentant la contrainte, comme c'est prévu dans la phase 3), qu'en soutenant une mesure qui restera à jamais dans les cartons (depuis le début des 90's)... Je suppose que c'est ce qui fait de moi un réformateur, et de vous un altermondialiste.

La spéculation est un risque à prendre en compte en effet, mais aucune spéculation n'a été constaté aujourd'hui sur l'EU ETS. Au contraire le prix actuel est sous évalué et ne reflète pas le prix nécessaire pour atteindre les objectifs de réductions. Tout le monde sait donc qu'il devrait augmenter d'ici 2012, parfait pour un spéculateur... Pourtant pas de spéculation. Encore une fois, l'analogie avec le marché du pétrole est injustifiée.

Enfin, pour la fin de la phase 1, je pense que vous n'avez pas bien compris les options envisageables. Les entreprises arrivent au 31 décembre 2007 et là, deux et seulement deux possibilités :

- la demande est inférieure à l'offre (ce qui s'est passé), donc les vendeurs savent qu'ils doivent vite vendre avant qu'il n'y ait plus d'acheteurs, le prix s'écroule et tend vers 0.

- la demande est supérieure à l'offre, donc les acheteurs ont l'obligation d'acheter, or il n'y a pas assez d'allocations à vendre sur le marché, donc le prix explose et tend vers l'infini. Imaginons ce qu'aurait donné un prix qui atteint 1000 €, 10000 € l'EUA ? La Commission Européenne aurait fermé le marché et celui-ci aurait été abandonné.

Donc quand on est un régulateur, et que l'on fait une période d'essai, à votre avis, faut-il mieux que la demande soit supérieure à l'offre, ou l'inverse ?

Ce qui dommage dans la phase 1, c'est que le spot ai décroché si vite, et en effet les PNAQ avaient été trop généreux dans beaucoup de pays, dont la France (mais pas tous). L'économie de l'environnement est une discipline expérimentale et passionante. Je souhaite qu'elle ne soit pas déformée ni par les thèse néo-libérales, ni par les thèses anti-néo-libérales (je sais pas s'il existe une thèse altermondialiste ?).


Bien Cordialement,


Thomas Cook
abernier le 23-09-2008 à 12:24:04
Bonjour,


De quelle justification économique parlez-vous? De celle, élaborée au XVIIIème siècle par Smith et Ricardo - car malheureusement nous en sommes toujours là! - et dont l'objectif est de s'affranchir de toute contrainte politique? Une théorie qui s'appuie sur un marché parfait, qui n'a jamais existé et n'existera jamais.

Invoquer cette fameuse théorie économique pour prétendre organiser la société est une véritable escroquerie intellectuelle.


Pour répondre plus précisément à deux points de votre message, le marché dérégulé ne fixera jamais le "vrai" prix, puisque la spéculation fausse par définition la donne. Je vous renvoie à mon texte sur la crise pétrolière, qui le montre bien.


D'autre part, le prix du quota SPOT ne devait absolument pas chuter à zéro, au contraire. Puisque les entreprises devaient se trouver en conformité à la cloture de la période, le prix aurait à l'inverse du augmenter si les quotas avaient été rares. Le prix SPOT montre que la contrainte a été quasi inexistante. Si les prix "futures" se maintenaient entre 15 et 25 euros, c'est uniquement que les acteurs parient sur un resserrement à terme de la contrainte. Mais qui restera de toute manière très insuffisant, comme le montre le livre.


Bien cordialement,


Aurélien Bernier
Thomas Cook le 23-09-2008 à 11:19:26
J'ai lu ton livre en deux jours. Il pose des questions qui ont le mérite d'être posées, mais il répond de manière biaisée sans justifications économiques. Et pour cause, Coase et Pigou sont bien présentés, mais trop superfiellement. A quelle prix l'Etat doit-il fixer la taxe pigouvienne ? Pigou nous répond au coût marginal de dépollution... Mais l'Etat n'a pas accès à cette information précieusement gardée par les entreprises (s'il la connaisse). Et dans ce livre quelle prix sert de référence : 30 €, un prix issu du marché européen ! Etonnant ! Il devient pratique tout d'un coup ce marché !

Et quand on créer une taxe, connait-on exactemment son effet sur les émissions ? Non.

Le marché, avec mise aux enchères des quotas, a l'avantage de fixer les émissions, et de mettre à jour le prix réel pour obtenir les réductions nécessaires.

Par ailleurs, tu n'abordes que la chute du prix spot à la fin de la première période de l'EU ETS, pourquoi le spot tombe à 0 et le future reste à 15/20 € ? Parce que c'est normal, le prix spot devait tomber à 0 car ces quotas ne valaient plus rien après le 31 déc 2007 (c'était soit 0, soit l'infini, c'est ce qui s'appelle un marché en coin, logique pour une période d'éssai, dont le but principal était de révéler les véritables émissions des installations). Ouvrons le débat, mais soyons honnêtes !
annielamarmotte le 04-09-2008 à 15:56:48
félicitations pour un blog du moment amplement mérité....
hans le 24-08-2008 à 10:53:02
Je me suis permis de citer votre ouvrage en fin d'article que vous trouverez ici:

http://jeboycotte.org/index.php?/archives/32-Conference-sur-le-climat-a-Accra,-lurgence-sinvite-dans-les-debats.html#extended

cordialement votre