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Titre du blog : Démondialiser et coopérer
Auteur : abernier
Date de création : 28-11-2007
 
posté le 10-06-2013 à 19:50:50

L’acheminement de l’électricité verte, alibi de la privatisation

 

 

Article paru dans Le Monde diplomatique, mai 2013

 

 

 

En Europe, la transition vers des sources d’électricité renouvelables se heurte à un obstacle de taille : le réseau de lignes à haute tension, mal adapté aux flux intermittents issus des parcs éolien et solaire. Sa modernisation et son aspect technique masquent un choix politique : l’énergie est-elle un bien commun nécessitant des infrastructures d’intérêt public ou une marchandise devant circuler dans toute l’Union ?

par Aurélien Bernier, mai 2013

Produire soi-même, grâce au vent ou au soleil, l’énergie que l’on consomme : ce rêve d’autonomie et de durabilité, plusieurs générations d’écologistes l’ont fait, un peu partout sur la planète. Mais il aura fallu attendre les négociations internationales sur le climat, à la fin des années 1990, et — surtout — l’augmentation du prix des combustibles fossiles, au cours de la décennie suivante, pour que les énergies solaire et éolienne se développent fortement.

 

Désormais, le concept d’autonomie énergétique n’est plus une lubie de militant Vert. En France, des collectivités, comme la communauté de communes du Mené, dans les Côtes-d’Armor, en font un objectif affiché. Ce territoire breton de six mille cinq cents habitants souhaite, selon l’un des responsables du projet, « parvenir à 75 % d’autonomie en 2020 et à l’autosuffisance en 2030 pour les consommations privée, publique et professionnelle  ». Un réseau de « territoires à énergie positive » réunit des collectivités locales qui déclinent à leur échelle les principes de la démarche négawatt : sobriété, efficacité et développement des énergies renouvelables. Au niveau européen, le projet « 100 % RES Communities », lancé en avril 2012 pour une durée de trois ans, doit permettre d’expérimenter des politiques locales de l’énergie allant dans le même sens. Mais, pendant ce temps, l’Union européenne et ses Etats membres suivent une tout autre voie, qui pourrait annuler les bénéfices du solaire et de l’éolien — lesquels ne sont pas les seules sources d’énergies renouvelables (lire « Déploiement à deux vitesses »).

Du vent dans les tuyaux

Une caractéristique fondamentale distingue les générateurs d’électricité éoliens et solaires des centrales nucléaires, au fioul, au gaz ou au charbon. Puisqu’une éolienne tourne lorsque le vent souffle, et que les panneaux solaires convertissent un maximum d’énergie lorsque le ciel est dégagé, ces deux énergies s’avèrent, par définition, intermittentes et aléatoires : leur production, discontinue, ne peut se planifier (...)

 

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